[RP] Retour en terres de la promise

Sujet: [RP] Retour en terres de la promise Ven 20 Jan 2012 - 22:47

Le Baron de Montpipeau avait traîné, quand il avait fallu prendre la route pour la Bourgogne. Deux raisons le poussait à s'y rendre, une autre le pressait de prendre son temps.
D'abord, il s'agissait de prendre une nouvelle vassale. Keridil avait lui-même suggéré à Della le nom de Maud quand la nécessité d'une intendante pour Seignelay s'était faite sentir. Comme Aranelle qu'il considérait comme ça vassale propre, il entendait faire de même avec la future Dame de Beaumont, et de fait, il se faisait un devoir d'assister à la Cérémonie d'échange des primes serments.
Du reste, la Baronne avait quitté l'Orléanais depuis un moment, et une promesse de retrouvailles avait été prononcée. Promesse jusqu'alors restée non-honorée.

Cependant, un échange épistolaire bref, mais intense, avait un peu refroidi le brun. Son épouse y parlait de faute, de déshonneur, de repentance, d'amour dont elle était indigne. La teneur des retrouvailles serait donc, avant d'être heureuse, plutôt conventionnelle, froide, dans l'attente d'un aparté où il serait jugé des crimes commis, ou non.

Le voyage fut fatigant, et si Séverin s'était avéré d'une compagnie plutôt agréable, dans son silence utile, et dans son aptitude à vous parler quand il était convenable de le faire, sans s'étendre en billevesées, les routes et l'incessant cahotement du coche avaient usé l'Amahir.

Arrivé à Seignelay, il n'avait pas fait prévenir son épouse. Il était déjà tard, ce matin, et la Baronne devait être affairée dans quelque coin du Domaine. Se hissant jusqu'aux appartements baronniaux, vides de monde, mais où trônait une tenue azur assez simple, le brun avisa son serviteur.

Ah bah. Séverin, aidez-moi à enfiler ça. Je gage que Clarinha l'aura préparée pour mon arrivée. C'est sobre, mais cela ira bien.

Et ce disant, il délaça ce qu'il pouvait délacer lui-même, laissant soin au Renart de faire le reste.

Le Renart Melancolique Nombre de messages : 215

Silencieux le renart pourtant bouillonnait en son sein.
Enfin il revenait en Bourgogne, il retrouvait les terres bourguignonnes, se sentait si proche de Beaumont dont il lui tardait de revoir le château ou il avait vécu, si peu, et la joie alors ravivant son cœur s'était ternie lorsqu'il réalisa que Beaumont ne serait plus aux Volvent puisque qu'une désormais vassale en prenait possession et c'était bien la l'objet de leur présence.

L'annoblissement se passait au chateau de Seignelay, mais les pensées du jeune Volvent n’étaient que pour Beaumont. Certes le dit château ne voyait plus autant de renarts qu'auparavant, mais il ne comprenait pas le choix de Della d'octroyer les terres pour lesquelles jadis elle était prête a donner d'elle même.
Fidèle a lui même il n'en montra rien. Il se contenta d’être un aussi bon serviteur qu'il le put.

Le chateau de Seignelay paraissait grand et confortable et le jeune homme suivit sans effort le baron, découvrant ses appartements privés. Il se sentit pourtant décontenancé lorsque le baron lui demanda de l'assister pour son habillement. Lui qui s'était maintes fois aider par Maturin découvrait a présent une nouvelle facette de ses prérogatives.

- Bien Excellence...

Sans rien en montrer il serra la mâchoire tentant de se rappeler les gestes de Maturin.
De ses gestes délicats il défit ce qu'il restait d'atours gardant un regard neutre, indifférent qu'il gardait a hauteur de buste.
Il aurait pu suggérer au baron de penser à se payer pour ses séjours bourguignons, les services d'un écuyer, un jeune garçon qui aurait fait ceci avec zèle et enthousiasme, mais comme lorsque des pensées semblables il se rappelait la sécurité matérielle et personnelle qu'ils avaient trouvé, se rappelant de Gabriel qui pouvait avoir une vie normale.

Lorsqu'il eut fini, il observa brièvement la tenue pour en comprendre la logique. Bas, haut de chausse, pourpoint, ceinture, veste, rien de compliqué. Heureusement.

- Si votre excellence veut bien...

Saisissant les bas, il se penchant gardant les yeux résolument baissés. Il trouva la position fort humiliante, lui le fier et silencieux Volvent se trouvait a cet instant quelque peu misérable.
Il fut bien forcé alors qu'il aidait le baron a enfiler les bas à lever les yeux, baissant les paupières douloureusement jusqu'a ce que disparaisse a son regard acier la nudité du baron.
Le pourpoint suivit et le renart apprécia de disparaitre au regard de son maître pour lacer les discrets fils qui permettaient de nouer le tout solidement.

Il marqua une brève pause et saisit le pourpoint.
Ses pensées étaient pleines de Beaumont. Les derniers souvenirs qu'il en avait , ses retrouvailles avec Oderay, ses conversations avec Della, lorsqu'elle lui avait demandé de s'occuper des vignes et qu'il avait disparu tout simplement manquant a ses engagements... Il ne pouvait blâmer sa cousine de disposer des terres chèrement acquises a sa guise, pourtant dans ce château qui avait vu les renarts unis avant d’à nouveau se disloquer, tant de souvenirs, de vies, un passé.
Il soupira.

- Excellence s'il vous plait.

A nouveau il se trouva bas mais n'y pensa guère plus. Ceci n'était qu'un moment à passer. Il espérait avant de partir pouvoir se rendre a Beaumont, en arpenter les couloirs avant qu'il ne perdent de cette âme qui lui était si chère.

Sujet: Re: [RP] Retour en terres de la promise Sam 21 Jan 2012 - 18:32

Son Excellence voulait bien, son Excellence se pliait, son Excellence ne ressentait aucune gêne.
Si les premières semaines de noblesse du brun l'avaient intimidé, si à cette époque, il avait peiné à accepter une mesnie affairée autour de lui, il avait acquis le goût et l'habitude de cette danse quotidienne, de ce cérémonial obséquieux.
Les valets de chambre de Montpipeau, et Julien en son temps, avaient appris à anticiper les moindres désirs d'un Baron qui avait oublié la roture, et qui ne savait plus ce qu'était l'autonomie.

Julien. Depuis son départ, Keridil ne se confiait plus. La guerre avait fait naître en lui une répulsion pour les clercs, et quoi qu'il ouvrit son âme à Dieu, ce ne fut jamais plus en confession ; la désertion de son plus fidèle ami et serviteur avait laissé un vide qu'il peinait à combler. A un homme soumis, dévoué, succédait un cousin fier, et tout droit fut-il - et cela ne déplaisait pas au maître - il manquait de l'audace d'un novice, de la connivence qu'entretenait celui qui avait servi l'Amahir depuis son entrée en Diplomatie.
Au soupir du Renard vint se joindre celui de la Fouine, qui goûtait fort peu l'échos de sa nostalgie entre les lèvres du jeune Volvent.
Et levant une jambe, pour se laisser vêtir.

Vous soupirez ? Serait-ce si difficile ? Ou auriez-vous quelques pensées dignes d'un souffle ?

Là était la vraie question. L'Euphor se donnait le défi de percer cette carapace blonde.

Vous savez Séverin, il est des choses pire que vêtir un homme. Des choses bien plus humiliantes.

Prophétie ? Pressentiment ?

Réjouissez-vous de votre condition, dans laquelle vous n'avez rien à perdre.

Pauvre petit nobliaux, tiens ! Et de laisser échapper un soupçon de la douleur de sa jambe au passage du tissu.

La Noblesse exige des sacrifices quoi qu'en dise le commun, des impératifs. Nous n'obéissons qu'à peu de monde, mais nos gestes peuvent mener au déshonneur et nous en sommes alors seuls responsables, et à trop vouloir l'éviter, l'on y court parfois à grands pas. Quand l'on peut courir.
Merci.

Vêtu, le Grand Ambassadeur Royal prit sa cane, et invitant son cousin à se relever, il le toisa. Séverin de Volvent avait une peau certes pâle, presque effrayante tant elle était blanche, mais ses yeux clairs et ses cheveux du même respiraient encore une jeunesse certaine. L'homme devait être pur.
Touchant sa barbe soignée, le page en étant dénué, le Baron de Montpipeau se sentit infiniment vieux. Il avait vingt-deux ans.
Se laissant choir sur un fauteuil, il enfouit son visage dans ses mains. Elles étaient fines, mais abîmées. La plante de ses ongles était rongée de trop saigner. Pas qu'il fut un nerveux se rongeant les ongles, mais tailler des plumes laissait des séquelles.
Il releva les azurs vers le Renard Triste.
Que n'aurait-il donner pour retrouver ses seize ans, confort en plus évidemment, mais innocence, prévenance du père, amour de la mère, et candeur amoureuse retrouvés. Il soupira de nouveau. Quand sa jambe manifesta son existence à nouveau, il se sentit cinquante ans, puis se leva.

Il est temps. Allons porter à Noblesse une paysanne.

Sortons là de terre, et jetons là dans la fosse aux lions.

Oh, au juste, Séverin, quel âge avez-vous ?

Le Renart Melancolique Nombre de messages : 215

Le renart regretta son soupir.
Il écouta le monologue du double Baron, un mince sourire étira ses lèvres.
Il s'habituait peu à peu à la suffisance du diplomate, mais il se souvenait du jeune homme presque candide dont il avait fait la connaissance au mariage de Della et plus tard lors de son séjour au Louvre.
Il termina l'habillage et alors qu'il fixait le veston il rompit le silence de sa voix monocorde, sombre emplie d'une froide indifférence.

- Il ne m'est pas une corvée de vêtir votre excellence. Si cela est une part de mes devoirs alors c'est avec plaisir que je m'y plie et je n'y vois rien d'humiliant.

Cela était dit, avec une pointe de déférence. Humiliant ? Peut être un petit peu , mais lui même ne se faisait il pas habiller ? Pourtant Maturin lui était comme un frère. Aussi se ramenant au regard de l'Amahir laissa t'il trainer un sourire qu'il ne put rendre totalement sincère.

- Que votre excellence se rassure, je n'ai à me plaindre de rien et je ne saurai qu'à nouveau vous remercier de m'offrir pareille situation. Si j'ai soupiré ce n'est que de nostalgie, voila bien longtemps que je ne suis revenu en Bourgogne. Vous n'ignorez pas l’attachement des Volvent pour ce duché ainsi que pour les terres de Beaumont...

Il se tut immédiatement. Ses états d'âme ne regardaient que lui et le baron n'avait pas à en être ennuyé. Il fit un pas en arrière suivi d'une légère révérence, prêt a suivre l'Amahir qui l'observait.
Alors qu'il calait son pas derrière celui du baron il se laissa surprendre par la question.
Lui fallait il confesser son age lui qui n'avait guère compté les années a fuire la vie ?
La voix voilée il répondit pourtant.

- Je compte vingt et cinq hivers Monsieur...

Il s'en sentait le double, même si des années de vie monastique lui donnaient le physique d'un jeune garçon. Il s'abstint de soupirer, sans se douter qu'il partageait a cet instant les mêmes pensées que l'Amahir .

» Le retour du mouton noir