Mariage de Godefroy et Lison

La lourde porte de la chapelle ne lui résista pas trop longtemps... Il l'avait poussée avec beaucoup de précaution, afin de ne pas déranger l'assemblée par un grincement horripilant.

Puisqu'il ne savait pas vraiment si la cérémonie avait débuté et que ses connaissances en termes de mariage se résumaient à peau de chagrin, il avança à pas de loup.

Il cherchait quelque visage familier, tâche peu aisée puisque tout le monde était de dos...
Il regretta d'ailleurs un moment le silence de la porte, sans lui les têtes se seraient tournées !

Toutefois, il reconnu aisément son frère Subcal et la douce Léa, maintenant de Franchimont.
Juste là le visage de Tigalia, sa soeurette, se dessinait au milieu de bien d'autres...

Puis il remarqua sa cousine Lison, si jolie et visiblement si heureuse...

"Il n'est rien sous le ciel qui n'ait sa loi secrète,
Son lieu cher et choisi, son abri, sa retraite,
Où mille instincts profonds nous fixent nuit et jour ;
Le pêcheur a la barque où l'espoir l'accompagne,
Les cygnes ont le lac, les aigles la montagne,
Les âmes ont l'amour !"*

Perdu dans ses pensées, il était resté planté, là...

Il sursauta lorsque la porte de la Chapelle, emportée par son élan, en fin de course, se referma dans un bruit sourd...


(* Hugo)

Alors que ses yeux parcouraient l’assemblée, ils s’arrêtèrent sur ceux de Victor impassibles. Elle ne pu l’observer plus longtemps car Lili s’était mise à parler et elle s’était donc retournée pour l’écouter. Tristan semblait comme à son habitude un poil grognon. Elle sourit, il avait beau la rabrouer sans cesse, elle les adorait lui et Ethel. Elle rit intérieurement aux paroles qu’échangèrent les époux en devenir. Elle les avait connus dans des situations tellement moins solennelles. Elle admirait leur passion, leur franchise et leur dévouement. Un sourire aux lèvres elle les écoutait mélancolique.

Le Marquis semblait ému par sa sœur. Mais Aria sentie très vite qu’il ne regardait plus les mariés. Elle n’osa pas tourner la tête l’embarras de la situation risquait de la faire rougir. D’un œil obstiné elle fixait le couple.

On lui avait dit un jour, qu’elle était une sorcière. Elle allait finir par le croire et se mettre d’elle-même sur le bûcher. Trop concentrée elle en avait oublié de respirer, elle soupira silencieusement. Elle regardait à présent ses mains, celles d’une paysanne, celle d’une fille des bois contrastants avec la robe. Elle était étonnée de ses pensées.

Ouverture de porte, claquement sourd, bruits de pas cherchant à être discrets. Une magnifique Dame escortée, la Duchesse sans doute, Julien à ses cotés toujours sérieux.

Quand le calme fut revenu elle reprit ses pensées.

Le regard des hommes ne la gênait pas habituellement. Au contraire cela la flattait. Mais depuis quelques jours, un nouveau critère entrait en jeu. Elle était heureuse que personne ne sache lire ses pensées… elle, la tavernière aguicheuse d’Autun qui courait après le rédacteur de l’Autuntamarre, elle qui embrassait les voyageurs ivres... elle qui ne jurait que par son arbre… serait-elle devenue timide face aux regards charmés ? Elle rapporta ses mains au petit chêne de bois contre sa poitrine.

Allez Aria un effort ! Elle se re-concentra sur la cérémonie .

Faflo avait écouté avec un petit sourire aux lèvres les réflexions et les présentations de Tristan.
Il ne manquait pas de souffle pour parler ainsi la vie de Lili devant les familles.
Elle, la jeune fille franche, fidèle en amitiés, toujours prête à aider, était investie dans la vie de son village. Certes, elle avait son franc parler, fallait-il lui en faire reproche?

Elle entendit les consentement de Lili et Godefroy avec émotion, jeta un coup d'œil à Niria qui semblait à mille lieues de là.

Elle regard Lili.. resplendissante de bonheur.