Musique au bord de l'eau, ou promesse de Noël

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Croxanvic avait passé un long moment de la journée, depuis son réveil en fait, sur la rive. Tout la matinée, il s'était promené sur la berge, admirant le cours d'eau et ses alentours. Il aimait ce froid mordant la peau, alors que le soleil brillait. Il aimait cette fumée sortant de ses narines. Petits, il disait être un dragon, mais seulement en hiver. Cela faisait beaucoup rire le Vieux.

Il était revenu près du logis du domaine en milieu d'après-midi, et s'était assis dans un arbre. Ses pieds dans le vide, le dos contre le tronc, il jouait de la flûte. Le calme était autours de lui comme une muraille entre lu iet le monde extérieur... Il se sentait bien. La mélodie qu'il improvisait s'harmonisait avec le clapotis de l'eau, le souffle du vent dans les arbres autours d'eux.

Il attendait, ainsi, Lison.

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Lison arrivait tranquillement au bard du Serein lorsqu’elle entendit de douces notes de musique. Elle sourit, Victor ne devait pas être loin et elle se réjouissait de pouvoir passer un moment en sa compagnie.
Elle laissa glisser son regard sur le paysage, ce petit soleil froid d’hiver enveloppait les arbres nus d’une douce brume violette.
Elle aperçut la silhouette de Victor dans un arbre aux branches entremêlées. Elle s’approcha silencieusement pour ne pas interrompre la mélodie, grimpa agilement dans l’arbre, et vint s’asseoir à coté de lui nez au vent…. Nez au vent, il y avait bien longtemps qu’elle n’avait pas profité du vent ...

Elle resta un long moment rêveuse à écouter la cristalline musique les yeux perdus dans l’eau.

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La musique cessa. La dernière note s'envola au dessus de l'eau et papillonna dans le silence. Il resta là un moment, à regarder l'eau. Pusi enfin, il prit conscience du fait que Lison l'avait rejoint sur son arbre. Il tourna la tête et sourit à la concernée :

Il est dangereux de grimper ainsi aux arbres...

Il replaça l'instrument à sa ceinture.

Alors comme ça, vous voudriez me parler, faire ma connaissance? J'en suis touché, mais par où commencer?

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Les notes s’arrêtèrent et Lison sortit de ses rêveries et sourit amusée des paroles de Victor:

Ho ! Grimper aux arbres est peut être dangereux, mais pas pour moi, j’ai plus d’un tour dans ma besace, et jouer avec le feu ne me fais pas peur.

Sur ces mots, elle tendit sa ma main, paume vers le haut. Resserra son point, souffla doucement, puis le rouvrant, elle dévoila un écu, et passa son autre main au dessus.
La piécette s’embrasa laissant monter une flamme claire et ondulante.

Doucement, elle fit danser la flamme la passant d’une main à l’autre, la faisant tournoyer et virevolter au rythme de ses mouvements.
Arrêtant la danse, Lison tendit la main, immobile, laissant la flamme grandir, et soudain referma son poing laissant la lumière hivernale reprendre ses droits.

Comme vous le voyez, je n’ai pas toujours vécu dans château, mais ai moi aussi parcouru les chemins du royaume avec une troupe. La troupe du Vieux Tambour, que vous allez rencontrer sous peu.
Retrouver un troubadour dans une tanière de Renart, j’avoue avoir été agréablement surprise, et c’est bien la raison de ma curiosité.
Vous sembliez intimidé lors du repas de Noël, et votre émotion bien grande suite à l’anoblissement de Godefroy, et j’en ai été intriguée. Cette sensibilité est rare, votre maitre en est t-il l’auteur ?

Quels secrets se cachaient donc derrière ce jeune homme qui semblait si rêveur ? Comment avait il retrouvé le chemin de la renardière ? Elle ne voulait pas le bousculer, ni se montrer indiscrète, il semblait réservé et sa curiosité n’en était que plus grande. Comment le mettre en confiance ?

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Croxanvic resta impressionné devant l'adresse de son interlocutrice.

Quel...prodige....

Il resta un moment à regarder les mains de Lison, comme hypnotisé par ce qui lui avait été permis de voir.Il ouvrit enfin la couche pour répondre, la referma, l'ouvrit à nouveau. Que dire? Par où commencer? Il y avait tant à dire.

Je ne...n'ai pas eu qu'un seul maitre, mais plusieurs. Chacun d'eux, à sa manière, a contribué à forger mon caractère, tel qu'il vous est présenté aujourd'hui.
Du premier, j'ai obtenu un goût prononcé pour les arts, pour les voyages, pour l'instruction. Il encore trop tôt pour me mettre à étudier...mais je n'attends que ça. Il m'a aussi apprit les arts de l'équitation et de l'épée. Bon cavalier, mais piètre jouteur, malheureusement.
Le second, non, je devrais plutôt dire les seconds. Ils m'ont fait travailler ma souplesse, mon agilité, si je ne jongle plus, si je ne suis plus capable de la moindre acrobatie, j'ai pu réutiliser leurs leçon ailleurs.
Le troisième m'a appris à jouer de la flûte, et je ne l'oublierai pas. Il est mort, comme le premier, les seconds ont disparu de ma vie... Mais je les garde tous en ma mémoire.

Il se dit que cela ne lui ressemblait pas, mais alors pas du tout : de parler autant de lui. Mais maintenant, le point de non retour semblait franchi, et Lison décidée à en savoir plus.

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Lison écouta avec attention les paroles de Victor.

Quel savoir vous détenez ! Dispensez-vous quelques cours ?

Elle savait bien qu’une jeune Dame de bonne éducation ne devait pas se montrer trop curieuse, ni grimper sur les arbres d’ailleurs, mais curieuse elle ne pouvait s’empêcher de l’être et une question lui brulait les lèvres.
Victor ne semblait pas choqué de son indiscrétion, ni même de ses extravagance, ce qui était compréhensible, vu qu’il lui avait confié avoir été élevé par des troubadours.

Elle pencha sa tête sur le coté et se décida :

Comment ce fait t-il que vous ayez été élevé par ces maitres, et …

Non ne sois pas si impatiente attends donc, toi aussi tu as arrêté les tournées, il était peut être fatigué aussi, c’est surement pour cela qu’il est rentré à la Renardière.

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Croxanvic rit en écoutant Lison. Du savoir? Ne disait-on pas que c'était comme la confiture : moins on en avait, plus on l'étalait!

Vous savez, ma culture je la tiens d'une curiosité sur tous les thèmes! MOn savoir vient de mon premier mentor, un vieux noble d'où je me suis enfuit...pour aller chez les troubadours pendants longtemps. Je me suis ensuite posé à Bazas, où j'ai appris la flûte avec Sadeness...mais il est mort...

J'ai vingts ans : quelques années chez mes parents, mais trop peu pour avoir des souvenirs, 9 chez le Vieux, et autant chez les troubadours..enfin à peu près, je n'ai pas vraiemnt compter... J'ai une vongtaines d'années, et j'ai déjà vu ou appris bien des choses...

Pour le Vieux, mes parents m'y ont placé...à mon grand bonheur, puis mon ennui par la suite...alors je susi parti, une nuit, avec une troupe de troubadours. J'ai appris bien des tours, et vu beaucoup...ensuite, je les ai laissé continuer leur route et me suit posé à bazas. J'ai rencontré un ami, qui est devenu mon maitre pour la flûte...

Quand aux cours, je ne pense pas avoir d esavoir utile à divulguer...

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Lison écoutait les paroles de Victor, elle était assez surprise que le jeune homme se livre d’aussi bonne grâce et, reconnaissante qu'il ne se montre pas aussi curieux qu’elle, lui sourit:

Voici des enseignements bien riches, et des rencontres certainement bien précieuses.
Et malgré vos dires, je serai très heureuse que vous me donniez quelques leçons de flutes. Je sais faire quelques petites choses, mais suis totalement incapable d’accompagner les clapotis de l’eau comme vous savez le faire.

Elle frissonna, le soleil déclinait et le froid commençait à la mordre.

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Il se releva et s'accrocha à la branche qui le surplombait. Victor regarda Lison.

Ne me dites pas que vous n'avez pas froid. Nous rentrons.

Sur ces mots, il se laissa tomber au sol. Comme un félin, il retomba sur ses pattes : les jambes accroupies, une main dans l'herbe, le dos courbé. Il se releva, observa un instant l'eau. L'homme se retourna vers Lison et leva les bras.

Vous faut-il de l'aide à descendre?

Victor n'était pas un maitre de l'épée, il avait miraculeusement gagné un combat contre Ode, mais ne s'en vanterait pas : un pur coup de chance. Il n'était pas un érudit. Il avait vu, entendu, voire même lu, beaucoup de chose, mais il n'était pas un savant. Il n'avait ni les qualités de l'orateur, ni celles du commerçant.
Victor, il avait été élevé en dévoloppant souplesse et agilité. Sauter ainsi de l'arbre était pour lui comme de descendre d'un cheval, aussi comment que de se présenter à son interlocuteur. Il jettait les couteaux comme peu de monde, mais se gardait bien de vanter les mérites de ses jets.

Lui apprendre de la flûte? Il n'était pas un maître, et ne savait comment il pourrait enseigner cet art. Il y réfléchirait...peut-être...En attendant, il se félicitait de sa trouvaille, pour ne pas encore répondre à la demande.

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Lison sourit à l’invitation de Victor de retrouver la chaleur du château. Elle le regarda admirative sauter à terre tel un chat.
Si elle savait grimper aux arbres, elle devait bien admettre que la descente était plus délicate. Et l’idée de se retrouver le nez dans la boue ne l’enchantait guère.

Elle prit donc la main de Victor et sauta au sol, évitant néanmoins un désastre de justesse.

J’ai été ravie de cette conversation, puissions nous en avoir d’autres.

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Victor sourit à Lison.

Il y en aura d'autres, il y en aura. Mais quand, je ne puis le dire. En effet, je ne vais pas faire long feu : il faudra que je vois Della, puis je partirais quelques temps, trouver d'où viennent les Bourg de Beaune.

Il racompagna Lison jusqu'au château et la laissa devant la porte principale. Il regarda l'imposante bâtisse.

Je vous laisse ici. Je dois encore rentrer, et j'aimerai arriver avant la nuit.

Il sourit une dernière fois à la future dame de Beaumont, et la laissa rentrer.

Sur sa jument, plus toute jeune, Victor repensa à la discussion. Il était rare pour lui de t'en en dire d'un coup. Oui, parlait souvent, mais toujours pour ne rien dire, ou au mieux, pour parler des autres. Lui, il était un sujet presque banni. Pourtant, il en avait dit beaucoup, à Lison. Il faudrait comprendre pourquoi, et pour cela...il n'échapperait pas à de nouvelles discussions. Victor fit donc le projet de revenir.

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Avant de franchir le seuil, Lison se retourna et regarda Victor s'éloigner sur sa monture.

Elle restait pensive.

Citation :: Il y en aura d'autres, il y en aura. Mais quand, je ne puis le dire. En effet, je ne vais pas faire long feu : il faudra que je vois Della, puis je partirais quelques temps, trouver d'où viennent les Bourg de Beaune.

Victor lui avait dit beaucoup en peu de temps, mais il semblait que bien des choses encore étaient à dire.

Elle sourit a l'idée d'autres escapades perchée sur le vieil arbre puis rentra grelottante.

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Quelques jours étaient passés, et Lison d’humeur contrariée et agacée décida d’aller s’apaiser au bord du Serein.

Elle arriva rapidement auprès du vieil arbre torturé et repensa en souriant comme à sa discussion avec Victor.

Dieu comme ce jeune homme semblait secret… Le connaître s’avérait une tache difficile. Mais têtue comme elle l’était, elle ne se laisserait pas décourager si rapidement.

Ses pensées dévièrent, trop de préoccupations en ce moment, un moment de véritable accalmie serait le bienvenu.

Elle vérifia être seule, attrapa une branche et grimpa dessus dans une cabriole plutôt impudique. S’installant sur la branche, dos au tronc, elle réajusta ses jupons et jouant distraitement avec une brindille, laissa ses pensées vagabonder.

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Victor se pencha du haut de sa branche.

Chère cousine, quand on monte dans l'arbre des gens, on ne fait pas semblant de ne pas les voir, mais on les salue. Tel le veut la bienséance.

Il lui sourit, rieur, alors qu'il vient se poser près d'elle, quelques branches au dessous.

Alors? Nous voici donc à ce fameux rendez-vous promis?

Leur dernière rencontre se déroula vite en sa mémoire.

Donc, de quoi parlerons-nous, aujourd'hui? Il fait beau, ainsi, la pluie et le beau temps nous seront-ils épargnés. Et maintenant?

Il ne savait pas vraiment quoi faire. Que cherchait donc sa cousine? Voilà bien une des premières fois qu'on cherchait plsu que les habituelles gamineries en taverne.

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Lison sursauta en entendant une voix au dessus de sa tête, à tel point qu’elle failli tomber de sa branche. Elle réussi à se rattraper de justesse. Puis regardant son cousin descendre de son perchoir d’un œil mauvais :

Et vous cher Cousin, on prévient de sa présence au lieu de s’amuser à voir une jeune femme grimper sur un arbre, afin de l’aider à le faire de manière élégante et décente !

Elle lui sourit taquine. Malgré sa rebuffade, elle était contente de le voir. Elle appréciait la l’indépendance et l’insouciance du jeune homme.
Elle songea que peut de temps auparavant, elle aussi n’avait de contrainte que le sens du vent qui portait ses pas. Elle afficha un sourire de circonstance, celui qu’elle avait appris à maitriser depuis quelques temps, celui qui n’était le reflet de rien. Celui qu’elle détestait.

Citation :: Donc, de quoi parlerons-nous, aujourd'hui? Il fait beau, ainsi, la pluie et le beau temps nous seront-ils épargnés. Et maintenant?

De quoi donc pourrions-nous parler, de tout, de rien, de la forme des nuages, du souffle du vent, de la liberté…

Elle songea à la devise des Franchimonts, Defenstrix Libertatis, quelle ironie ! Comment défendre la liberté lorsque l’on s’était perdue soi même... Victor avait su conserver qui il était, elle s’était perdue en chemin.

Remarquant l’air interrogateur et gêné de Victor :

Vous semblez vous poser autant de question sur mes intentions, que je m’en pose moi-même sur votre identité.
Ne vous êtes vous donc jamais dévoilé à quiconque ?

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Me dévoiler? Oulà, grand dieu! Mais bien sûr que oui, voyons! Il y a eu mes conquêtes, les taverniers qui m'ont tenus compagnies les soirs de solitude, le Très-Haut, le chat d'une amie, une ribambelle d'enfants...

Il lui sourit.

Allons, vous voyez bien que je me confis!

Il se tait un un silence pesant s'installe. Seul l'eau et le vent dans les feuilles viennent troubler le calme du moment.

Bon, bon, non je ne me confie pas beaucoup! Bah que voulez vous? Je ne passe pas très longtemsp dnas une ville, et quand je m'installe, je finis toujours par partir en voyage... Alors les amis, je ne les vois que peu.
Et vous, alors? Vous semblez bien sombre... Voilà ce que je vous propose, je parle, vous parlez!

Il se tait à nouveau, se demandant bien ce qu'il pourrait raconter...

Bah j'ai pas d'histoire moi, en fait... Je suis le fils de la tante de votre mari...enfin faudrait jeter un coup d'oeil à l'arbre pour vérifier. Mon père, Philippe, m'a placé très vite chez un vieux noble très érudit... Mais c'est surtout la partie sur les routes, avec les troubvadours, qui m'a forgée le caractère.

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Vous parlez je parle, voila qui me semble juste.

Lison se cala sur son tronc, repliant ses jambes sous elle dans un équilibre précaire.

Victor appréciait-il de ne pas se confier? Etait-ce un choix ? Etait-ce une fatalité? Pourquoi partir sans cesse ? Quelle raison à ces incessantes fourmis dans ses jambes ? Etait ce juste le plaisir du voyage et un gout immodéré pour l’évasion ? Ces questions attendraient, ne pas brusquer, attendre qu’il se dévoile par lui-même.

Il semblait que ce soit à son tour de parler, si elle était curieuse, voire indiscrète, elle devait bien avouer que se dévoiler à son tour était un exercice bien plus difficile qu’il ne paraissait.

Elle soupira.

Que vous dire? Ma famille, vous avez rencontré la plupart de ses membres, même si comme toute famille nous avons nos secrets… mes amours vous les connaissez…

Lison se tut quelques instants, non ce n’était certainement pas sa généalogie qui brulait ses lèvres. Elle regarda Victor, et sans même s’en rendre compte les mots qu’elle taisait s’échappèrent comme malgré elle, retenus trop longtemps prisonniers sans doute.

Vous voulez savoir qui je suis ? Je n’ai qu’une réponse, je suis une écartelée… écartelée entre deux famille que tout oppose, écartelée entre ma soif de liberté et les responsabilités que je m’impose, écartelée entre un passé encore présent et un futur qui m’échappe…

Comment pouvait-elle prononcé ces mots, pourquoi à lui ? Pourquoi à cet instant ?

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Son sourire resta figé sur les lèvres de Victor. Cependant, celui-ci se fit bien plus amical. Il était dstabilisé par ces confidences. Il en comprenaient certaines. Il sentait cet être fragile près de lui, bien plus friable qu'il n' paraissait. Il prit la main de sa cousine et la serra avec une tendre amitié.

Cousine... je ne vous comprend que trop bien. Je suis enfant de nobles, aec tout ce que cela incombe. Mais j'ai construit moi-même ma vie, par la fuite de chez le vieux. je vis avec cette double identité : un homme des routes, de la fête, un troubadour, dans les veines duquel coule du sang bleu.

Il s'arrêta un instant, cherchant ses mots. Il comprenait la jeune femme, et voulait l'aider.

Mon épée, avez vous son nom? Elel se nomme Carpe Diem. En latin, cela signifie "Profites du jour présent". Profitez, Lison, sans vous poser autant -trop!- de questions. Vos familles finiront par apprendre à se connaitre. je suis même prêt à faire le premier pas s'il le faut, et à vous accomapgner chez les Franchimont à votre prochaine visite!
Ne pensez pas trop au futur et au passé. Vivez, soyez vous même et le reste suivra. Votre passé, ne le reniez pas, mais ne pensez pas au futur. Laissez les choses se passer et profitez. Vous êtes trop exigeante envers vous même. Aucun renard ne vous fera le reproche d'être bonne vivante, ni celui d'être rusé. Quand à vosbuts politiques, qui sont élevés, soyez patiente. Cela ne marchera pas du premier coup, pas forcément.

Il sourit à Lison, se disant qu'il venait de dire beaucoup sur lui, indirectement.

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Coup de vent trop fort, vacillement dangereux, reprise d’équilibre in extremis, Lison replace ses jambes de chaque coté de la branche qui commence à craquer.
Coup d’œil inquiet vers le sol.

Lison sourit à Victor acceptant sa main dans la sienne. Ils semblaient se ressembler sur bien des points. Lui qui semblait la comprendre, la deviner, connaissait il les mêmes dilemmes? Ses paroles étaient réconfortantes assez attirantes même. Mais une différence de taille semblait les séparer.
Puis elle planta son regard nuageux dans le bleu de celui de Victor… un renart, sans aucun doute !

Carpe Diem, oui de très jolis mots, qui ont cependant une limite. Et quelle limite ! L’Amour Cousin. Quand on aime, on n’agit pas pour soi, mais pour l’autre. Et voyez-vous, j’aime!

Elle scruta son regard à l’affut d’une réaction.

Savez-vous ce que cela signifie Victor ?

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Oh oui... MOn premier amour fut le plus fort... Psusieurs enfants en sont nés...

Les souvenirs sont remontés à la surface. Il en parle tendrement, avec un sourire nostalgique aux lèvres. Il avait fait le deuil, et jamais depuis longtemps ce temps-là ne lui avait paru si proche.

Nous avions tout un domaine. Elle avait un peu coupé les ponds avec sa fmaille et nous vivions heureux, dans ses terres. ju'étais heureux... Oh, on était deux animaux à sang chauds, et ça gueulait souvent... Mais qu'importe, nous nous aimions! Oh, elle avait le chic pour se faire des ennemis, mais elle savait me rendre heureuse...Je le lu irendait bien, je pense. Enfin, amour et haine, n'ont que si peu en différent.. Peu à peu, tout s'est déterioré...

Il se tait, et sourit à sa cousine.

Quelques nuits dehors, on suivit les disputes, la fin fut cahoteuse.. Elle a fini tuée dans un incendie, les enfants avec...vous les auriez vu! Ethan, un pirate avant l'âge! Qui voulait gouter le ruhm à tout moment! sa soeur, une douce demoiselle, la deuxième mèr ede ses frères... Valentin, né d'une de nos dernières nuits... Jamais, je n'ai ainsi fait l'amour...

il se tait, rougit. Comment peut-il dire ça à quelqu'un, comment peut-il en parler si facilement. Il trouve être allé trop loin, et regarde l'eau.[b]

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Lison pâlit en écoutant Victor, tout d’abord étonnée par ses mots crus, leurs sens la frappa soudainement.
Des disputes, des larmes, des cris, de la passion et de brulantes étreintes, sans aucune hésitation elle comprenait ces sentiments, cette… merveilleuse fureur.
Mais la tragique issue de cet amour lui était insupportable. Les regards de Niria et de Godefroy, leurs rires, leurs parfums... Non, non elle n’y survivrait pas.
Elle regarda Victor, les yeux perdus dans l’eau, pourquoi lui avait-il confié cela ? Elle le découvrait petit à petit. Lui, qu’elle pensait être insouciant et primesautier se révélait un être blessé et d’un force insoupçonnée. Elle comprenait à présent sa soif implacable.

Elle ouvrit la bouche, la referma, l’ouvrit à nouveau tentant de trouver les mots justes, en vain.

Elle se contenta de resserrer sa main sur celle de son cousin et resta ainsi un long moment silencieuse.

Puis timidement, presque chuchotant :

Aurez-vous la force et l’envie un jour de reconstruire votre vie ? Reconstruire une famille ?

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Il éclata de rire, mais sa réponse à la pression de main de sa cousine la prévenait de l'inverse.

C'est du passé tout ça, j'ai fait le deui. Je pense bien à en reconstruire une d efamille, et cela finira bien par arriver. A force de passer de femme en femme, je finirais bien par devoir éviter le scandale en en épousant une...Avant qu'on ne remarque son ventre.
Ne vous en faites pas, cousine. Je m'en suis remis. j'espère de tout coeur pouvoir refonfer une famille, avec la bonne personne.

Il lui sourit.

Mais assez parlez de moi, et vous? D'où nous veneez vous?

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Le rire de Victor fut effacé par la pression de sa main. Elle jugea préférable de ne pas s’avancer plus avant, par pour le moment du moins.

La branche commençait à être inconfortable et Lison doutait de sa solidité.
Aussi c’est très précautionneusement qu’elle changea une fois de plus de position sa dernière nuit lui laissant certains souvenirs.

D’où je viens ? D’un couvent, et oui, j’ai été élevé au couvent de Chalon. De ma petite enfance je ne garde que des brides de souvenirs, que je n’ai pu assembler que grâce à ma chère sœur…

Elle marqua une pose, se souvenant de l’accueil de sa chère Sœur à son retour au Castel des Franchimonts, à leurs confidences, à leurs fous rires à Paris en parcourant les étals des tisserands, à sa peine toujours si oppressante de l’avoir perdue à jamais.

Elle leva doucement son bras et relevant sa manche découvrit un fin bracelet tressé auquel était accroché un médaillon d’argent gravé une tête de bouc, le Vertbouc. Elle le caressa distraitement songeant à ses secrets.

C’est grâce à ce médaillon que j’ai retrouvé ma place parmi les miens. Tous me croyaient disparue ou morte à la suite de l’agissement d’un oncle terrible qui avait juré la disparition de toute la famille.

Mais tout ceci est une histoire bien longue...

Silence, ne pas trop parler…

Mine de rien elle poursuivit :

Enfin rien de très original, famille aimante et soudée, installée dans le sud, ou souffle le vent de la liberté…

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Il jeta un oeil au bracelet et un trait de lumière lui traversa l'esprit.

pas que votre histoire ne m'interresse pas, au contraire, mais...

Il chercha à sa ceinture le couteau, et en approcha le manche du bracelet de Lison.

Ah! c'est la même tête, je ne rêve pas?

Le couteau, à la lame courbée, était le second à ne jamais le quitter. Il abordait trois lions, et quelques initiales.

Il parait qu'il m'ouvrira des portes, je ne sais lesquelles. Il m'a été donné par le vieillard qui m'avait servi de maitre. Il l'a forgé lui -même, comme une poignée d'autres... jamais trouvé!

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Lison sentit son cœur s’affoler, de peur, de surprise, d’incompréhension, elle ne le savait pas. Elle dévisagea Victor.

Elle pensait commencer à le connaître, et tout s’effondrait, qui était il, pourquoi possédait-il une dague courbée, la même que celle que possédait certains Franchimonts ?

Soudain prise de vertige elle sauta en bas de l’arbre.

Excusez moi mon Cousin, je ne me sens pas très bien. Si vous le permettez, nous poursuivrons cette conversation plus tard.

Elle était trop bouleversée pour poursuivre, elle devait parler au plus tôt à sa famille, tenter de comprendre…

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